Retour sur la Conférence Internationale des Fair Trade Towns 2025 à Édimbourg

Le dernier week-end d’août, cinq citoyen·nes engagé·es dans le projet « Communes du commerce équitable » ont embarqué pour Édimbourg. Trois jours intenses à multiplier les rencontres, découvrir des initiatives locales et débattre autour des enjeux du commerce équitable. Une immersion qui les a marqués et qu’ils racontent aujourd’hui…

Laurent Bourgois, Citoyen engagé de Ganshoren

Participer à la conférence Fair Trade Towns, c’est toujours une expérience unique. Celle de cette année, à Édimbourg, restera pour moi marquée par un moment fort : le témoignage bouleversant de Félix Tetteh, jeune cultivateur de cacao au Ghana et Fairtrade International Youth Ambassador.
À travers son parcours, il nous a rappelé avec force que le commerce équitable ne se réduit pas à un simple label : c’est une lutte quotidienne pour une vie digne, menée par des femmes et des hommes qui croient en un avenir plus juste. Sa parole incarnait à la fois la résilience et l’espoir d’une jeunesse qui refuse d’être spectatrice et qui choisit d’être actrice du changement.

Ce message m’a conforté dans une conviction : les jeunes sont aujourd’hui un moteur essentiel de transformation. Leur créativité, leur énergie et leur force de conviction obligent à sortir des sentiers battus. C’est d’autant plus puissant quand leurs initiatives s’inscrivent dans des démarches de co-construction et de gestion de projet partagée, un langage qui me parle particulièrement.

Je retiens aussi une piste inspirante : le rôle des communautés locales, que ce soit des écoles ou encore des églises, qui s’engagent dans le commerce équitable non pas dans une logique de charité, mais en cohérence avec leurs propres valeurs. Leur mobilisation démontre que chacun, à son échelle, peut contribuer à une économie plus solidaire.

Au-delà des débats et des ateliers, cette conférence est aussi pour moi l’occasion de retrouver des visages familiers et des amitiés précieuses : Kader Mounchingam, producteur de noix de kola et de produits forestiers non-ligneux à Ebolowa (Cameroun), Olivier Ntonga, également originaire de cette région et chargé de la Coopération et du Partenariat pour la Communauté Urbaine d’Ebolowa, mais aussi l’ensemble des Belges engagés pour le commerce équitable, du nord au sud du pays. Ces rencontres donnent corps et chaleur au réseau international que nous formons.

Enfin, cette conférence n’est pas seulement un temps de travail. Elle est aussi une ouverture au monde, aux autres et à soi-même. Elle nourrit le dialogue, la solidarité et la conviction que nous avons tous un rôle à jouer. Car, au fond, quand je choisis de manger équitable, ce n’est pas seulement pour moi : c’est pour que personne ne soit contraint de manger moins.

Inge Bogaerts, Comité de pilotage de Jette

Il y a eu plusieurs moments forts de la conférence : j’ai énormément apprécié à la première journée les actions inspirantes de l’activisme des jeunes (Fairtrade Youth ambassadors of Flanders), le témoignage de Scottish Fairtrade , et l’action Fair Kickt de Frankfurt dont l’objectif était de faciliter aux jeunes les outils pour s’engager pour un futur équitable et durable.

La deuxième journée un des sujets était l’importance de raconter son histoire de manière respectueuse et correcte. C’était très intéressant, puis c’était aux témoins venus de l’Afrique, de l’Amérique du Sud, de la Palestine de raconter leur histoire. C’était des témoignages émouvants, comme celui de Basma de la HLHCS, une coupole rassemblant des coopératives en artisanat (céramique, savon, broderie,…) en territoires occupés palestiniens, qui était la première organisation arabe à joindre le WFTO. Son histoire de résilience, son optimisme et son message positif m’ont beaucoup ému. Et puis pour terminer, le témoignage de Lara Young, étudiante en sciences environnementales et militante qui en 2022 a démarré une campagne contre des vapoteuses jetables en Angleterre (plus qu’un million de vapoteuses jetées par jour) et les conséquences dramatiques pour la faune et la flore. Elle a réussi en rassemblant des jeunes de partout d’influencer l’opinion publique en favorisant l’interdiction des vapoteuses jetables. C’était un bon exemple comment une initiative prise par une jeune personne a pu faire bouger les lignes.

Un moment fort était également l’annonce que la Conférence Internationale des Fairtrade Towns sera organisée en Belgique en octobre 2026 !

Tous ces témoignages et bons exemples m’ont fait réaliser que c’est très important d’impliquer nos jeunes si nous voulons qu’un monde meilleur se réalise. Pas uniquement les impliquer mais leur donner l’espace pour prendre des décisions et organiser des choses eux-mêmes.

N’hésitez pas à participer à la Conférence Internationale des Fairtrade Towns ! En dehors d’apprendre des bonnes pratiques de partout dans le monde sur le commerce équitable, c’est surtout le fait de partager des moments ensemble des moments émouvants mais aussi des moments de joie qui nous boostent et nous donnent envie de persévérer.

Gitana Nebel, Coordination CDCE

La conférence internationale Fair Trade Towns s’est tenue à Édimbourg du 29 au 31 août 2025, rassemblant 257 participant·e·s aux origines diverses. Au milieu de cette diversité et d’expériences, nous formions une délégation de six personnes représentant les Communes du Commerce Équitable – Belgique. Sur place, nous avons eu le plaisir de rejoindre la délégation néerlandophone belge (Faire gemeente), afin de représenter conjointement la Belgique lors de cette rencontre internationale.

La soirée d’ouverture, organisée dans le cadre solennel de la City Chambers, s’est déroulée dans une ambiance chaleureuse, portée par l’enthousiasme des organisateur·rice·s. un performance musicale animée par une musicienne à la cornemuse écossaise a offert un moment d’ancrage culturel et a donné le ton d’une conférence placée sous le signe du partage, de l’ouverture et l’hospitalité.

Au fil des deux jours, les sessions plénières ont réuni l’ensemble des participant·e·s autour des grands défis mondiaux : comment répondre à la pauvreté, aux inégalités et au changement climatique par des alternatives économiques durables. Avec la participation d’auteurs·rices sociaux·ales venu.e.s du Sud global (notamment d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et du Moyen-Orient), ces interventions ont donné une profondeur particulière aux débats, enrichi les échanges et impulsé les moments participatifs suivants, soulignant la nécessité d’une coproduction de savoirs et de pratiques.

Dans ce contexte, l’intervention de Bruce Crowther, fondateur de la première Fair Trade Town à Garstang, a illustré, à travers son parcours singulier, comment un engagement personnel peut impulser un mouvement collectif. D’autre part, l’intervention de Sophie Tack, présidente de la WFTO, a rappelé la nécessité d’une gouvernance inclusive et d’un commerce équitable pleinement articulé aux enjeux climatiques. Ensemble, ces interventions ont donné une cohérence à l’événement, reliant histoires et expériences de terrain, visions stratégiques et engagement militant.

Au cœur de la conférence, le marché des artisan·e·s du Sud a permis de découvrir des créations des coopératives ghanéennes, kényanes et palestiniennes. À chaque stand, les exposant.e.s ont partagé des histoires de migration, de résilience et d’émancipation. Leurs témoignages révèlent la richesse et la complexité des cultures du Sud global, trop souvent reléguées à un rôle d’exotisme commercial. Ce marché nous a rappelé qu’un produit équitable porte en lui bien plus qu’une valeur marchande : il incarne une histoire de vie, un projet collectif et la quête de dignité de milliers de familles.

Pendant les pauses, un menu entièrement végan, composé de produits locaux cultivés dans un rayon de 50 km, a été servi. Il mettait en valeur des denrées issues de circuits courts, cultivées et transformées dans la région d’Édimbourg, soulignant que le commerce équitable ne se limite pas aux échanges Nord-Sud mais s’ancre aussi dans les territoires. Les plats, colorés et raffinés, démontraient qu’une alimentation durable peut être à la fois savoureuse, respectueuse de l’environnement et porteuse de sens.

Participer à cette rencontre, c’était s’immerger dans un espace de réflexions collectives sur l’avenir du commerce équitable. La coexistence de discours militants et de logiques institutionnelles parfois normatives, révélant la nécessité d’un commerce équitable qui ne se contente pas d’améliorer les conditions de marché, mais qui interroge profondément les fondements du système économique mondial.

À la fin de la conférence, nous avons reçu une nouvelle enthousiasmante : l’édition 2026 des Fair Trade Towns se tiendra en Belgique. Cette annonce s’accompagne d’une responsabilité collective : accueillir le mouvement international l’année prochaine et mettre en lumière l’engagement de nos communes. Ce rendez-vous sera l’occasion de partager nos expériences locales, de renforcer les liens et de poursuivre ensemble la construction d’un commerce équitable toujours plus inclusif et porteur d’avenir.

La coordination des « communes du commerce équitable » tient une nouvelle fois à remercier les participant·es pour leur temps et leur engagement lors de ce week-end. Ils et elles ont été de précieux·se ambassadeurs et ambassadrices.
Un grand merci à elles et eux, ainsi qu’à vous toutes et tous qui faites vivre ce projet !